Chronique des mouvements dans le sud tunisien
Alain Baron, mercredi 24 mai 2017 à 11:30
1. Les débuts du mouvement à Tataouine
16 mars
http://www.businessnews.com.tn/tataouine-youssef-chahed-refuse-les-20-de-la-production-petroliere-revendiquees-par-les-protestataires,520,71906,3
La section régionale de l’UGTT à Tataouine décrète une grève générale dans le secteur pétrolier, avec arrêt de la production suite à la dégradation de la situation à la société pétrolière canadienne Winstar.
5 avril
http://nawaat.org/portail/2017/05/12/reportage-a-el-kamour-la-resistance-du-sud-se-radicalise-malgre-les-intimidations/
Les employés des sociétés pétrolières de Tataouine ont observé une grève générale sectorielle en soutien aux 24 ouvriers licenciés par la compagnie pétrolière canadienne Winstar. Après plusieurs négociations, la compagnie off-shore a refusé de réintégrer les ouvriers et n’a pas répondu aux appels des habitants à un engagement social sérieux dans la région. « C’est la goutte qui a fait déborder le vase », se rappelle Mahmoud Abdelnour, 25 ans, commerçant du centre-ville de Tataouine.
8 avril
http://nawaat.org/portail/2017/05/12/reportage-a-el-kamour-la-resistance-du-sud-se-radicalise-malgre-les-intimidations/
Une dizaine de jeunes chômeurs ont allumé la mèche de la contestation populaire locale. Après un sit-in modeste de quelques dizaines de chômeurs au cœur de la ville, 64 sit-in ont occupé les routes de Tataouine empruntées par les camions de pétrole.
10 avril
Propositions issues d'une réunion sous la présidence du chef du gouvernement, en présence de plusieurs ministres
11 avril
Tataouine : Grève générale à l’appel des coordinations des jeunes
https://tunisie14.tn/article/detail/tataouine-greve-generale-a-l-appel-des-coordinations-des-jeunes
Toutes les activités sont bloquées, mardi, à Tataouine, à l’exception de quelques boulangeries, des pharmacies et de l’Hôpital régional, suite à l’appel à la grève lancé par les coordinations des jeunes à Tataouine. Les routes sont ouvertes à la circulation sauf pour les camions des sociétés pétrolières. Les protestataires se sont rassemblés, ce matin, Place du peuple, soutenus par des citoyens de la ville et des quartiers périphériques. Ils ont réitérés leurs revendications en faveur de l’emploi et du développement, appelant le gouvernement à un engagement réel pour l’amélioration du niveau de vie dans la région. Réunis lundi soir, les coordinateurs des sit-in à Tataouine, ont estimé que les décisions issues d’une réunion tenue le 10 avril sous la présidence du chef du gouvernement, en présence de plusieurs ministres, ne répondaient pas à leurs attentes. Ils ont exprimé l’attachement des jeunes au maintien de la grève générale annoncée, pour mardi.
11 avril
Tataouine en grève générale
http://www.businessnews.com.tn/tataouine-en-greve-generale,520,71500,3
La grève générale a finalement été observée à Tataouine le 11 avril 2017. Cette décision vient suite à l’échec des négociations entre les représentants des contestataires et la délégation gouvernement dépêchée sur place. Par conséquent, c’est une ville paralysée que les habitants de Tataouine ont trouvé ce matin. Les commerces et des banques étaient fermés ce matin. Le sit-in des protestataires se poursuit et plusieurs routes ont été fermées.
23 avril
Des milliers de jeunes de Tataouine se dirigent vers la zone pétrolière
http://www.businessnews.com.tn/des-milliers-de-jeunes-de-tataouine-se-dirigent-vers-la-zone-petroliere,520,71796,3
Des milliers de jeunes de Tataouine se sont dirigés, aujourd’hui, dimanche 23 avril 2017, vers la zone pétrolière protégée par les forces armées, El Kamour, pour un sit-in ouvert. Les jeunes protestent contre "le silence du gouvernement durant plus d’une semaine". A travers cette action, ils bloqueront la circulation des camions et des véhicules de transport pétrolier dans le désert pour maximiser la pression sur le gouvernement et les sociétés pétrolières.
Jeudi 27 Avril 2017
Camions pétroliers bloqués, le Premier ministre attendu dans une atmosphère tendue et menaces d’aller vers plus de tension
http://www.letemps.com.tn/article/102744/quand-le-d%C3%A9sespoir-cr%C3%A9%C3%A9-le-non-etat
Cela fait plus de trois semaines que la situation ne cesse de se dégrader à Tataouine où les habitants ont installé, dimanche dernier, leur sit-in dans la zone d’El Kamour bloquant ainsi les camions de toutes les sociétés pétrolières se trouvant sur place. Depuis lundi dernier, plusieurs informations et intox ont circulé dans un silence assourdissant de la part des autorités. Un silence qui a fini par être brisé par le chef du gouvernement, Youssef Chahed, qui a promis de visiter la ville aujourd’hui même. La veille de cette visite a été un peu particulière dans la ville où nous sommes arrivés hier vers 5 heures du matin. Après avoir fait le tour de toute la ville, une seule patrouille de police a croisé notre chemin. Quelques heures plus tard, et en route vers El Kamour où se trouve le sit-in, toutes les patrouilles qui nous ont croisés étaient formées par des citoyens qui vérifiaient les visages des passagers. Mais avant El Kamour, une manifestation a été organisée, au centre ville, par les femmes de Tataouine qui ont souhaité exprimer leur soutien à leurs hommes se trouvant de l’autre côté de la ville. L’une des présentes a tenu à nous exprimer sa colère quant à ce que diffusent certains médias qui « accusent les sit-ineurs de protéger et de propager les idéaux des terroristes de Daech et qui assurent que le sit-in en question n’a été organisé, en réalité, qu’à cet effet ». Une autre dame présente sur les lieux a déploré ce qu’elle a considéré de vol avéré commis par les sociétés pétrolières étrangères qui, en dépit des conventions signées depuis plusieurs années, continuent d’ignorer ce qu’elles doivent à la région. Pour Walid, jeune militant au sein de la société civile de Tataouine, les sociétés étrangères agissent comme si la Tunisie était encore colonisée et cela présente un indice de l’Indépendance faussée de notre pays.
Sur la route d’El Kamour, et même si les patrouilles des civils – armées à coup de pneus et de briques – communiquaient un sentiment d’insécurité totale, aucun incident n’a été relevé. Une fois arrivé sur place, l’accueil fût hésitant entre ceux qui n’hésitaient pas à exprimer leur méfiance à la vue d’un journaliste et les autres qui voulaient faire parvenir leur voix. Après un petit débat, nous avons fini par accéder au cœur du sit-in, sous la tente de la coordination générale.
Les requêtes nous ont été brièvement présentées par Zied Khatib, membre de la Commission du sit-in de Tataouine : « Nous nous sommes installés sur ce site depuis dimanche. Il s’agit d’un emplacement stratégique utilisé par les sociétés pétrolières pour faire passer leur production. Nous sommes là pour bloquer ces camions et pour faire pression sur le pouvoir et les décideurs de ces mêmes sociétés. Depuis, les sociétés sont bloquées et sont en train de libérer leurs ouvriers en attendant que le chef du gouvernement arrive et nous réponde quant à nos attentes. Des requêtes urgentes ; l’emploi, l’emploi et l’emploi. Ensuite, nous voulons que 20% des gains des sociétés pétrolières soient consacrés à la région sous forme d’une caisse régionale indépendante. Pour la problématique du chômage, et au cas où on n’arrivait pas à faire travailler correctement, il faudrait penser à une pension de chômage. » De son côté, un autre membre, Chemseddine Goussouel, a indiqué que les protestataires demandent tout simplement à ce que la loi soit appliquée : une loi qui obligerait les sociétés pétrolières étrangères à investir 10% de leurs gains dans la région où elles sont implantées. Et d’ajouter que ces mêmes sociétés sont redevables de recruter 70% des jeunes chômeurs de la ville cela sans parler, toujours selon le concerné, de leur responsabilité sociétale. A la question de savoir s’il y a possibilité d’assouplir les requêtes une fois les négociations initiées avec les responsables de l’Etat, Chemseddine Goussouel a déclaré qu’après six ans d’attente, Tataouine ne peut plus présenter de signes de souplesse. Des déclarations qui posent, malgré l’atmosphère très tendue du sit-in, un signe d’espoir qui dépend totalement de ce qui sera décidé et annoncé par le chef du gouvernement aujourd’hui. Entre-temps, les protestataires continuent de s’organiser une meilleure visibilité tout en insistant sur leur totale indépendance par rapport à tous les partis politiques et à toutes les organisations qu’elles soient nationales ou autres.
S. B.
2. La surdité du pouvoir
27 avril
Tataouine - Youssef Chahed refuse les 20% de la production pétrolière revendiquées par les protestataires
http://www.businessnews.com.tn/tataouine-youssef-chahed-refuse-les-20-de-la-production-petroliere-revendiquees-par-les-protestataires,520,71906,3
Une source gouvernementale bien informée a indiqué, ce jeudi 27 avril 2017, à Business News, que le chef du gouvernement refuse catégoriquement les 20% de la production pétrolière que revendiquent les protestataires. Les manifestants ont revendiqué, entre autres, que 20% de la production pétrolière soit consacrée au développement dans la ville de Tataouine. Le chef du gouvernement, qui annonçait ce matin des mesures en faveur de la région, a également refusé de voir de nouveau les protestataires au siège du gouvernorat à Tataouine. Il a mandaté pour les rencontrer les ministres des Affaires sociales et de l'Emploi.
27 avril
Tataouine : La tension est à son comble, Youssef Chahed évacué des locaux du gouvernorat
http://www.businessnews.com.tn/tataouine--la-tension-est-a-son-comble-youssef-chahed-evacue-des-locaux-du-gouvernorat,520,71891,3
La tension est à son comble en ce moment même à Tataouine. En visite ce jeudi 27 avril 2017 dans la région, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a dû être évacué des locaux du gouvernorat où il annonçait 64 mesures prises en faveur de la région. Le chef du gouvernement a annoncé le recrutement, aujourd’hui même, de 500 jeunes de Tataouine dans une société environnementale avec une promesse d’employer 2 000 autres sur les prochains mois. Les mesures annoncées par Youssef Chahed comprennent également le financement de plus de 1 000 projets, l’ouverture d’un concours pour le recrutement de cadres supérieurs à la SITEP, ainsi que de nombreuses mesures visant à améliorer les conditions agricoles dans la région, l’amélioration de l’infrastructure, des transports à travers notamment l’ouverture de l’aéroport de Remada aux vols civils. Le chef du gouvernement a annoncé d’autres mesures pour la formation professionnelle, dans le domaine de la santé et notamment la réhabilitation et l’extension de l’hôpital de Tataouine, dans les domaines industriel, commercial, administratif et culturel ainsi que la préservation de l’environnement.
Ces mesures n’ont pas eu l’accueil escompté. Les manifestants de Kamour se sont rués sur le siège du gouvernorat appelant à l’escalade. En ce moment toute la ville est en grève générale, les commerces sont fermés et des roues en feu bloquent les routes…
28 avril
Visite de Youssef Chahed à Tataouine à la tête d’une importante délégation ministérielle à Tataouine sous tension
http://lapresse.tn/component/nationals/?task=article&id=130076
Plus d’un mois après le début des protestations et des sit-in à Tataouine, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, s’est rendu hier dans la ville accompagné d’une importante délégation ministérielle (l’Industrie, l’Environnement, les Domaines de l’Etat et les Affaires foncières, l’Equipement, l’Emploi, l’Energie, les Affaires sociales, l’Economie numérique, l’Investissement et bon nombre de conseillers). Avec des milliers de jeunes à quelques encablures des champs pétrolifères, le déplacement était délicat et le gouvernement Chahed, traînant comme un boulet les promesses non tenues des gouvernements qui l’ont précédé, se devait de répondre à cette détresse d’une ville dont l’économie ne tourne qu’autour des sociétés pétrolières et des entreprises de services y afférents. A Tataouine, le taux de chômage avoisine les 27%, et 36% chez les diplômés du supérieur, des taux largement supérieurs à la moyenne nationale. Principalement, Youssef Chahed est venu apaiser la tension et négocier avec les protestataires.
Signe de tension, les négociations de la veille jusqu’à tard dans la nuit pour tenter d’annuler la grève générale ont échoué. Hier, Tataouine avait des allures d’une ville morte. La route menant au gouvernorat n’est pas facile à traverser, le convoi formé d’une vingtaine de véhicules a même emprunté une piste poussiéreuse pour contourner la route barrée par des jeunes en colère. La tension est palpable. En attestent les graffitis sur les murs de la ville qui parlent de « révolution du pétrole ». Plus tôt, en l’absence des journalistes accompagnant la délégation ministérielle, le chef du gouvernement s’est rendu à l’Iset de Tataouine pour y rencontrer des représentants du « Mouvement de Kamour », mais plus d’une heure après, Youssef Chahed sort bredouille, sous les sifflets. « En réalité, nous n’avions qu’un seul point de désaccord, ce sont les 20% des revenus du pétrole qu’ils réclament », nous explique une source proche de Youssef Chahed. Pendant le déjeuner, le chef du gouvernement aurait déclaré à ses proches : « Si cela pouvait résoudre le problème j’aurais signé tout de suite, sauf s’ils se contentaient de ces 20% de l’Etat central, ils perdraient au change ». En effet, le taux d’investissement de l’Etat par habitant à Tataouine dans le plan de développement 2016-2020 est de 4.500 dinars contre 1.200 dinars pour Tunis par exemple; elle est de loin la première région favorisée. Malgré les 64 mesures annoncées, dont une hausse de 5 millions de dinars du budget de la responsabilité sociale des entreprises pétrolières, l’accueil au siège du gouvernorat n’était guère meilleur. Le chef du gouvernement a beau rendre hommage aux résistants de la ville qui ont mené la bataille de Remtha en 1915 contre le colonisateur, le discours n’a pas séduit. « Nous refusons toutefois le régionalisme, quoi qu’il arrive nous devons rester unis », a-t-il prévenu.
A la fin de son allocution, il est chahuté par quelques-uns qui se mettent à scander « Choghl, Horria, Karama Watania » (travail, liberté et dignité). Ils prennent à partie l’équipe gouvernementale et les députés de la région, les accusant de trahir Tataouine et estimant que les mesures décidées ne sont pas suffisantes. (…) Devant cette réunion qui dégénère, Youssef Chahed hésite, ne sachant pas s’il doit réagir ou quitter la réunion. Finalement, il décide de quitter les lieux avant de remettre officiellement des micro-crédits à plus de 300 jeunes porteurs de projets. Dehors devant le siège du gouvernorat, des centaines de jeunes chauffés à blanc, que la police arrive difficilement à contrôler, attendaient le chef du gouvernement pour le siffler. (…)
29 avril
les négociations entre les sit-inneurs et le gouvernement (représenté par un ministre Ennahdha) ont pris fin samedi 29 avril avec le refus des premiers d’accepter la proposition gouvernementale de recruter immédiatement 150 employés dans les sociétés pétrolières et 350 dans un intervalle de trois mois, et l’augmentation des allocations du programme de responsabilité civile à 30 millions de dinars.
30 avril
Tataouine : L’armée et la Garde nationale évacuent 700 employés des compagnies pétrolières
http://www.webdo.tn/2017/04/30/tataouine-larmee-et-la-garde-nationale-evacuent-700-employes-des-compagnies-petrolieres/
Des unités de l’armée et de la garde nationale ont escorté hier, samedi 29 avril 2017, 86 voitures et 10 bus transportant près de 700 ouvriers des compagnies pétrolières se trouvant dans le désert de Tataouine. Selon Mosaique fm, ils ont été transportés à l’entrée de la ville. Les sit-inneurs de la région ont assuré l’évacuation des ouvriers dans les meilleures conditions, ajoute la même source. Rappelons que le Chef du gouvernement a décidé hier de limoger le gouverneur Mohsen Ben Ali dans le cadre des changements effectués suite à la visite de la délégation gouvernementale jeudi à Tataouine.
2 mai
Sit-in El Kamour : Les propositions du gouvernement sont humiliantes !
http://www.businessnews.com.tn/sit-in-el-kamour--les-propositions-du-gouvernement-sont-humiliantes,520,71980,3
« Les propositions faites par le gouvernement sont au dessous du niveau demandé et sont carrément humiliantes ! », c’est ce qu’a déclaré Mongi Miiz, membre de la coordination du sit-in d’El Kamour, près de Tataouine, le 2 mai 2017. Le gouvernement, représenté par Imed Hammami, ministre (Ennahdha) de l’Emploi et de la Formation professionnelle, a proposé (le 29 avril) l’embauche immédiate de 150 personnes et de 300 autres personnes dans les 3 mois qui arrivent. M. Miiz a expliqué que les revendications des sitinneurs consistent à employer un membre de chaque famille, à savoir 4 000 personnes. Il a ajouté que la porte du dialogue reste ouverte avec le gouvernement.
7 mai
Tataouine - Les manifestants poursuivent leur sit-in pour faire pression sur le gouvernement
http://www.businessnews.com.tn/tataouine-les-manifestants-poursuivent-leur-sit-in-pour-faire-pression-sur-le-gouvernement,520,72085,3
Des citoyens de Tataouine ont organisé aujourd’hui, dimanche 7 mai 2017, une manifestation pour soutenir le sit-in d’El Kamour. Les manifestants ont affirmé qu’ils maintiennent leur sit-in jusqu’à la réalisation de leurs revendications et leurs demandes. « Nous voulons que les réponses du gouvernement soient à la hauteur de nos protestations », indique l’un des manifestants en s’adressant au gouvernement.
12 mai
Reportage à El Kamour : la résistance du Sud se radicalise malgré les intimidations
http://nawaat.org/portail/2017/05/12/reportage-a-el-kamour-la-resistance-du-sud-se-radicalise-malgre-les-intimidations/
Le sit-in d’El Kamour se poursuit depuis 18 jours. Installé entre un champ pétrolier et le chemin principal qui relie les puits de pétrole au reste du pays, le sit-in, fortement contesté par le pouvoir et les médias, revendique la création de 3 000 emplois et d’un fond régional de développement. Au moment où les sociétés pétrolières menacent de partir, les négociations entre les sit-inneurs et le gouvernement ont pris fin samedi 29 avril avec le refus des premiers d’accepter la proposition gouvernementale de recruter immédiatement 150 employés dans les sociétés pétrolières et 350 dans un intervalle de trois mois, et l’augmentation des allocations du programme de responsabilité civile à 30 millions de dinars. Dimanche 7 mai 2017, quelques milliers d’habitants se sont rassemblés à Tataouine en soutien aux sit-inneurs d’El Kamour contre la diabolisation médiatique et les pressions politiques. Reportage. De loin, les tentes blanches d’El Kamour évoquent un No DAPL des indiens d’Amérique du Nord luttant contre le colonialisme pétrolier. À une centaine de kilomètres de Tataouine, au milieu de nulle part, sous un soleil de plomb, plus de 50 grandes tentes ont été dressées autour d’un immense drapeau national. Nous avançons difficilement sur une terre rocheuse vers les visages mats des fils des « fellagha » du Sud. Le slogan « Résistance jusqu’à la victoire » [الرخ لا] domine le décor, qui rappelle les sit-ins occupant les margelles confisquées de l’or noir en Afrique ou en Amérique Latine. Comme les Algériens, les Boliviens, les Equatoriens ou les Péruviens, les Tunisiens du Sud posent à leur tour des questions longtemps éludées par le pouvoir politico-médiatique : richesses naturelles ? Pour qui ? Pourquoi ? Et comment ?
En ce jeudi 4 mai, nous sommes au 12ème jour de l’occupation d’un des carrefours-clés de l’industrie fossile en Tunisie. Tout a commencé le 5 avril, quand les employés des sociétés pétrolières de Tataouine ont observé une grève générale sectorielle en soutien aux 24 ouvriers licenciés par la compagnie pétrolière canadienne Winstar. Après plusieurs négociations, la compagnie off-shore a refusé de réintégrer les ouvriers et n’a pas répondu aux appels des habitants à un engagement social sérieux dans la région. « C’est la goutte qui a fait déborder le vase », se rappelle Mahmoud Abdelnour, 25 ans, commerçant du centre-ville de Tataouine. Le 8 avril, il était là quand une dizaine de jeunes chômeurs ont allumé la mèche de la contestation populaire locale. Après un sit-in modeste de quelques dizaines de chômeurs au cœur de la ville, 64 sit-in ont occupé les routes de Tataouine empruntées par les camions de pétrole. « Maintenant, ils sont près de 1 200 sit-inneurs à El Kamour et autant dans la ville », affirme Mahmoud.
Mahmoud a suivi de près l’évolution du mouvement. « Ça a été un mois chargé en mobilisations et en réflexions sur ce que nous devons revendiquer, auprès de qui et par quels moyens. Dès les premiers jours, nous avons pensé à occuper El Kamour car nous savions déjà que le Nord ne nous écouterait que sous pression. Mais faute de moyens, l’occupation d’El Kamour a été retardée jusqu’au 26 avril. En concertation avec les habitants, les chômeurs ont décidé de passer à l’acte », explique Mahmoud, qui assure, avec d’autres membres, la collecte de l’argent et des réserves alimentaires pour le sit-in, auprès de ceux qui soutiennent le mouvement à Tataouine, à Tunis et au sein de la diaspora tunisienne. Autour d’une grande citerne d’eau, un groupe de sit-inneurs s’est réuni pour adoucir la chaleur caniculaire du désert. Certains lavent leur linge, d’autres discutent des dernières nouvelles en provenance de la ville. « Les négociations ont pris fin samedi 29 avril avec le ministre de l’Emploi. Nous sommes en train de réfléchir en commun aux prochaines étapes », explique Saddem Katouch, 26 ans, diplômé en soudure et chômeur depuis 6 ans. Le manque d’expérience, le grand nombre des sit-inneurs et la diversité des attentes n’ont pas empêché le sit-in d’El Kamour d’avoir une discipline infaillible.
Les sit-inneurs ont élu des coordinateurs qui ont élu à leur tour un porte-parole.
Chaque décision est discutée collectivement en assemblée où les coordinateurs relaient les propositions des sit-inneurs. Chaque décision est prise après un vote effectué au niveau de chaque représentation du sit-in puis au niveau de la coordination générale. « Nous essayons de rester transparents et de respecter la volonté de chaque sit-inneur. Cela est possible à travers les votes et les concertations entre nous. Nous passons tout notre temps à discuter de tous les détails de nos demandes et des solutions que nous proposons au pouvoir », explique Khelifa Bouhaouach, 26 ans, membre de la coordination. Dans la cour du sit-in, Fethi Boufalegha, 22 ans, s’immisce dans la discussion en proposant un thé sous sa tente. « Tout ce que vous avez vu à Tataouine, depuis les routes, les écoles, les postes, les administrations jusqu’au terrain de foot ou au souk, tout a été bâti par les habitants eux-mêmes. Nos parents et nos frères, ouvriers à l’étranger, ramènent depuis des décennies des devises. Ce n’est pas de l’argent que nous demandons mais le développement. Le pétrole, le sel, le phosphate, l’eau et toutes les richesses naturelles doivent revenir à la Tunisie, alors que nous sommes convaincus que nos richesses sont confisquées par une élite nationale corrompue par les capitaux étrangers », dénonce Fethi. Comme beaucoup de ses camarades, il suivi des formations professionnelles liées aux métiers des forages pétroliers. En 2012, il décroche un diplôme en pompage et un permis de conduire des semi-remorques. « Les jeunes ici n’ont qu’une seule ambition, travailler dans le désert [les sociétés pétrolières], mais les décideurs préfèrent recruter des étrangers ou des diplômés pistonnés de Sfax, de Tunis et des grandes villes. Sur des milliers de postes, seules quelques centaines sont attribués aux jeunes de Tataouine », dénonce Abdelhalim Katouch, 26 ans, sit-ineur. Sous la tente, Fethi et ses compagnons sirotent le thé et se partagent des cigarettes fraîchement venues de la ville. La discussion porte sur les négociations et les leçons à tirer des erreurs du passé. « Il ne faut rien laisser au hasard ! », s’exclame l’un des chômeurs, « nous devons écrire tous les détails et ne signer qu’une fois que l’accord est clair et engageant ». En 2013, comme dans la plupart des régions, un sit-in « Massir » a eu lieu suite à l’assassinat de Mohamed Brahmi. « Après des mois d’occupation de la place centrale de la ville, on nous a baratiné avec une dizaine de postes provisoires dans un chantier appartenant à Bouchamaoui. Les contrats sans couverture sociale ont pris fin au bout de six mois », explique Fethi avant d’assurer que « les barons du Prix Nobel n’auront plus de décisions à prendre sur nos revendications. Ni société civile, ni partis politiques, ni UGTT ne négocieront à notre place », s’exclame-t-il.
Le soir approche et le rafraîchissement de l’air apaise le sable brûlant. Torses nus, deux jeunes préparent le dîner alors que d’autres se préparent à la réunion de la coordination. « Les gens d’El Kamour sont conscients des enjeux sécuritaires et politiques. Nous avons un règlement intérieur infaillible et nous nous partageons les tâches de garde et de contrôle que nous assurons jour et nuit pour protéger le sit-in et le pays. Nous documentons tous les dons venus en soutien et nous avons une comptabilité transparente. Nous sommes ici en tant que contestataires pacifiques et patriotiques, pour améliorer le niveau de vie de tous les Tunisiens », insiste Khelifa, avant que Tarek Hadded ne conclue : « avec le soutien des habitants de tout le Sud et d’ailleurs, les sit-inneurs ne reculeront pas. Non seulement le sit-in se poursuivra mais en plus nous allons avancer vers le désert ». 48 heures après le discours de BCE, la volonté des sit-inneurs est toujours la même. Comme le pouvoir choisit le dialogue de sourds, la résistance se radicalise encore plus…
3. La mobilisation convergente de la région de Kebili
1er mai
Douz : sit-in au siège de la compagnie pétrolière Perenco
http://www.mosaiquefm.net/fr/actualite-regional-tunisie/133515/douz-sit-in-siege-compagnies-petrolieres-perenco
D’après notre correspondante, Hana Karous, un nombre de protestataires à Douz qui bloquaient la route de Matmata se sont rendus au siège de la compagnie pétrolière Perenco dans le désert de Douz et ce à bord de camions et de voitures. Ces protestataires ont entamé un sit-in au siège de ladite compagnie pétrolière.
9 mai
Tunisie : Arrêt de la production de gaz de Perenco suite à des manifestations locales.
https://www.lediplomate.tn/perenco-tunisie-arret-de-production-de-gaz-de-perenco-suite-a-manifestations-locales/
Dans deux de ses champs de production de gaz, la société Perenco a été contrainte d’arrêter ses travaux et cela à cause des manifestations locales assidues qui réclament l’emploi, le développement et l’investissement dans la région.
L’arrêt a concerné les champs de Baguel et Tarfa, des coentreprises de production de gaz basées dans le sud. Perenco est une compagnie franco-britannique indépendante fondée en 1975 et active dans plusieurs régions du monde.
14 mai
Reprise de la production
16 mai
El Faouar : Nouveau sit-in devant le siège d’une compagnie pétrolière
http://www.webdo.tn/2017/05/16/el-faouar-nouveau-sit-in-devant-siege-dune-compagnie-petroliere/
A EL-Faouar, gouvernorat de Kébili, des jeunes ont décidé, à l’issue d’une réunion tenue ce mardi 16 mai 2017, d’observer un sit-in de deux jours devant le siège de la compagnie pétrolière Perenco et ce à partir de ce jour. L’un des représentant des sit-inneurs a confié à Mosaïque FM que les protestataires menacent le gouvernement d’escala
16 mai
http://www.shemsfm.net/fr/actualites_tunisie-news_news-regionales/166933/des-protestataires-d-el-golaa-ont-ferme-les-vannes-de-gaz-de-la-societe-perenco. Quelques protestataires, de la région Golaa, à Kébili, ont fermé, mardi 16 mai 2017, les vannes du gaz de la compagnie Perenco, qui viennent d'être ouvertes depuis deux jours. Le porte-parole de la coordination des sit-inneurs, Ali Rabeh, a déclaré que c'est un mouvement de soutien aux protestataires d'El Faouar et de Douz.
4. Le pouvoir agite le bâton et la carotte, flottements dans le mouvement
10 mai
Béji Caïd Essebsi : L’armée assurera la protection des sites de production !
http://www.businessnews.com.tn/beji-caid-essebsi--larmee-assurera-la-protection-des-sites-de-production,520,72150,3
« Ceux qui veulent protester doivent le faire dans le cadre de la loi, et non en bloquant la production et les routes. Pour toutes ces considérations, l’armée protègera les sites de production. Cependant, je tiens à mettre en garde, que l’armée sera ferme dans sa mission. (...) Il est inadmissible de bloquer les routes et la production »
15 mai
3500 recrutements et 50 MD, prix de la levée du sit-in d’El Kamour
http://www.businessnews.com.tn/3500-recrutements-et-50-md-prix-de-la-levee-du-sit-in-del-kamour,520,72270,3
Lors d'une réunion avec une délégation les sitinneurs de la région de Tataouine, le ministre (Ennahdha) de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Imed Hammami a proposé :
- 1 000 recrutements dans les sociétés pétrolières à partir de juin 2017,
- 500 autres recrutements avant fin 2018,
- 1 000 recrutements dans les sociétés environnementales,
- 1000 recrutements supplémentaires à partir de janvier 2018.
- une dotation de 50 millions de dinars par an pour un fonds d’investissement,
- l’absence de toute poursuite judiciaire
- le fait de donner la priorité dans tous ces arrangements aux manifestants d’El Kamour.
16 mai (20h21)
Sit-in El Kamour : La majorité de la coordination accepte les propositions du gouvernement
http://www.businessnews.com.tn/sit-in-el-kamour--la-majorite-de-la-coordination-accepte-les-propositions-du-gouvernement,520,72297,3
La coordination du sit-in d’El Kamour a annoncé aujourd’hui, mardi 16 mai 2017, que la majorité des sit-inneurs ont accepté les propositions du gouvernement. Moez Bouîch, représentant de la coordination a affirmé, dans une déclaration à la Radio Nationale, que les différents membres du sit-in ont voté en faveur des propositions (66 pour et 10 contre), soulignant qu’ils ont fait primer l’intérêt suprême de l’Etat.
17 mai
El Kamour : Probable retrait des sit-inneurs après une offre intéressante du gouvernement
http://directinfo.webmanagercenter.com/2017/05/17/el-kamour-probable-retrait-des-sit-inneurs-apres-une-offre-interessante-du-gouvernement/
Les sit-inneurs qui se trouvaient à proximité des sociétés pétrolières à El Kamour ont décidé de procéder à un vote pour décider de leur sort.
Suite au vote, la majorité a décidé de suspendre le sit-in. Certains de ces manifestants ont souhaité mettre la pression sur leurs compagnons pour poursuivre le sit-in mais la décision a été prise. Il est cependant important de mentionner que les sit-inneurs n’ont pas publié un communiqué pour annoncer leur retrait de la zone d’El Kamour. Ces derniers ont même bloqué la route n°19 dans la région de Rakba, au sud de Tataouine et ont mis le feu à des pneus. Le blocage de la route n’a pas duré longtemps.
16 mai
Le gouvernement trouve un accord avec les protestataires de Kébili
http://www.businessnews.com.tn/le-gouvernement-trouve-un-accord-avec-les-protestataires-de-kebili,520,72275,3
Après l’accord passé avec les protestataires de Tataouine, le gouvernement vient d’en passer un autre avec ceux de Kébili.
5. Le mouvement repart de plus belle à Tataouine
17 mai
El Kamour (Tataouine) : Une minorité des manifestants tient à l’escalade
http://africanmanager.com/tunisie-el-kamour-une-minorite-des-manifestants-tient-a-lescalade/
"Une minorité de manifestants a choisi l’escalade et s’est dirigée vers la station de pompage du pétrole d’El Kamour" a-t-il ajouté à l’issue d’une réunion élargie tenue par la coordination du sit-in et consacrée à l’examen des décisions annoncées par le chef du gouvernement.
18 mai
Les sit-inneurs d'El Kamour lancent un ultimatum au gouvernement
http://www.jawharafm.net/fr/article/les-sit-inneurs-d-el-kamour-lancent-un-ultimatum-au-gouvernement/90/51992
Les sit-inneurs d'El Kamour qui poursuivent leurs protestations à la station de pompage de pétrôle de Tataouine, ont lancé un ultimatum de 48 heures au gouvernement pour répondre à leurs revendications. Les protestataires ont annoncé, à l'issue d'une réunion tenue ce matin, que leurs revendications autour de l'emploi de 1 500 personnes dans les sociétés pétrolières et 3 000 individus dans la société de l'environnement tiennent toujours. Selon la correspondante de Jawhara FM dans la région, les protestataires appellent également à consacrer 100 millions de dinars chaque année au fonds de développement de la région.
19 mai
Tataouine : Blocage, grèves générale et de la faim à El Kamour
http://www.webdo.tn/2017/05/19/tataouine-blocage-greves-generale-de-faim-a-el-kamour/
Attendant encore la réponse du gouvernement à leurs revendications, les protestataires d’El Kamour ont annoncé qu’une grève générale pourrait avoir lieu lundi 22 mai, si leurs demandes ne sont pas acceptées.
Le passage des camions des sociétés pétrolières a été interdit depuis hier, jeudi 18 mai et cinq manifestants opposés à l’offre du gouvernement, ont également entamé une grève de la faim, accordant ainsi 48 heures aux autorités pour satisfaire leurs demandes. Selon Said Dabbabi, sit-inneur, le nombre de contestataires qui se trouvent près de la station de pompage du pétrole, s’élève, à l’heure actuelle, à 1 000 personnes et l’on s’attend à ce que le nombre des grévistes de la faim augmente considérablement dans les prochains jours. (…) Dabbabi a qualifié de ” civique ” le mouvement de protestation d’El Kamour en allusion à une éventuelle confrontation avec les forces de la garde nationale et de l’armée qui assurent la protection de la station de pompage du pétrole.
19 mai
Tunisie : Les grèves ont coûté à l’Etat 6 000 barils de pétrole!
http://africanmanager.com/12_tunisie-les-greves-ont-coute-a-letat-6-000-barils-de-petrole/
Dans une interview accordée ce vendredi à Africanmanager, le PDG de l’Entreprise tunisienne des activités pétrolières (ETAP), Moncef Mattoussi, a indiqué que les pertes de l’État suite à l’arrêt de la production dans les champs pétroliers installés dans les gouvernorats de Tataouine et Kébili sont estimées à 6 mille barils de pétrole. Le responsable a également précisé que ces pertes sont réparties comme suit : 5 000 barils de pétrole dans le champs de Bir Tarter, au gouvernorat de Kébili et 1 000 pour l’ensemble des champs pétroliers du gouvernorat de Tataouine. Il est à rappeler à ce propos que le gouvernement avait, récemment, proposé aux sit-inneurs d’El Kamour le recrutement de 1 000 chômeurs dans les compagnies pétrolières au cours de l’année 2017 en échange d’un arrêt des protestations. (…) Il a ajouté que l’arrêt de la production cause à la société des pertes quotidiennes estimées à 2 Millions de dinars, une somme qui équivaut, a-t-il-ajouté, à un (1) jour d’importation de gaz algérien.
19 mai
Tunisie-El Kamour : Menace de grève générale
http://africanmanager.com/12_tunisie-el-kamour-menace-de-greve-generale/
La coordination des sit-inneurs d’El Kamour à Kébili a annoncé qu’elle a décidé d’interdire le passage des camions des sociétés pétrolières à partir de ce jeudi 18 mai 2017. Une marche féminine sera organisée dans la journée du vendredi 19 mai et une grève générale pourrait être organisée le lundi 22 mai si les revendications ne seront pas satisfaites.
19 mai
El-Kamour : Les manifestants opposés à l’offre du gouvernement entament une grève de la faim
http://africanmanager.com/51_el-kamour-les-manifestants-opposes-a-loffre-du-gouvernement-entament-une-greve-de-la-faim/
Cinq manifestants d’El-Kamour, opposés à l’offre du gouvernement, ont entamé, jeudi, une grève de la faim, accordant ainsi 48 heures aux autorités pour satisfaire leurs demandes. Selon Said Dabbabi, sit-inneur, le nombre de contestataires qui se trouvent près de la station de pompage du pétrole, s’élève, à l’heure actuelle, à 1000 personnes et l’on s’attend à ce que le nombre des grévistes de la faim augmente considérablement dans les prochains jours. Dans une déclaration à la TAP, Dabbabi a souligné que les manifestants réclament la création de 1500 emplois dans les compagnies pétrolières, 3000 dans la Société de l’environnement et du jardinage, outre une allocation de 100 millions de dinars au profit du Fonds du développement de la région. Dabbabi a qualifié de » civique » le mouvement de protestation d’El Kamour en allusion à une éventuelle confrontation avec les forces de la garde nationale et de l’armée qui assurent la protection de la station de pompage du pétrole. Quelques jours plus tôt, la majorité des sit-inneurs, se sont déclarés, favorables à la fin des protestations. Une minorité de manifestants a, toutefois, choisi l’escalade et s’est, dirigée vers la station de pompage du pétrole où elle a entamé un deuxième sit-in à 10 km de la région où a eu lieu le premier mouvement de protestation. Le gouvernement avait, récemment, proposé aux sit-inneurs le recrutement de 1000 chômeurs dans les compagnies pétrolières au cours de l’année 2017 et de 500 autres en 2018, outre le recrutement de 2000 demandeurs d’emploi dans la Société de l’environnement et du jardinage. Le gouvernement s’est également engagé à mobiliser une enveloppe de 50 millions de dinars au profit du Fonds de développement de la région de Tataouine.
6. Redémarrage du mouvement dans la région de Kebili
17 mai
http://lapresse.tn/index.php?option=com_nationals&task=article&id=130918
Les jeunes de Faouar ont qualifié «d’absence de sérieux» l’examen de leurs revendications lors d’une réunion tenue avec le pouvoir. L’armée est déjà à l’œuvre pour protéger les sociétés pétrolière. (…)
L’armée est intervenue «pour assurer la réouverture de la vanne du gazoduc exploité par la société Perenco et interdire aux manifestants de se diriger vers la société pétrolière Winstar implantée à Faouar-Sud».
19 mai
http://www.businessnews.com.tn/el-faouar-veut-aussi-sa-part-du-butin,520,72361,3
La coordination du sit-in de la délégation a décidé d’interdire la sortie des camions transportant des hydrocarbures, à partir d’hier jeudi 18 mai 2017. Les chômeurs de la région en sit-in devant les locaux de la société pétrolière Perenco estiment que le gouvernement ne les prend pas au sérieux puisqu’il n’a pas fait de conseil ministériel pour étudier les demandes de la région dans les dernières 48 heures. La coordination annonce, sur sa page Facebook, une escalade dans son mouvement si le gouvernement continue à ignorer les revendications de la région. Elle serait obligée de déclarer une grève générale, lundi 22 mai 2017, qui touchera tous les secteurs à l’exception de ceux de la santé et de l’éduction, lit-on dans ce même post. En parallèle, les femmes de la région se rassembleront ce vendredi 19 mai 2017 devant le siège de la délégation, pour protester et collecter des dons au profit des sitinneurs.
21 mai
Douz-Sud : Fermeture de la vanne du gazoduc au niveau d’El Argoub
http://www.jawharafm.net/fr/article/douz--sud-fermeture-de-la-vanne-du-gazoduc-au-niveau-del-argoub/90/52094
Des jeunes protestataires à Douz-sud ont fermé, samedi, la vanne du gazoduc au niveau de la localité d’El Argoub, affirme, dimanche, à l’agence TAP leur porte-parole, Fakher Ajmi. Cette action coïncide avec le mouvement de tension observé, à El Kamour, près du champ pétrolifère au Sahara de Tataouine, ajoute-t-il. La vanne qui a été fermée permet l’acheminement du gaz vers la station de pompage relais d’Om Chiyah qui conduit à la raffinerie de Skhira. Les protestataires qui observent, depuis une semaine, un sit-in près du gazoduc, réclament la nationalisation des richesses minières du pays et rejettent la marginalisation de leur région. Des représentants de la ” majorité ” des protestataires à Douz, Faouar et Kalaa (gouvernorat de Kébili) et des militants associatifs se sont réunis, dimanche, pour unifier leurs positions et créer une coordination régionale chargée de défendre leurs revendications en faveur du développement, indique la même source soulignant le refus des jeunes de Douz l’exclusion d’une quelconque partie, de la réunion ministérielle devant se tenir, prochainement, dans la région.
22 mai 14h22
Kébili : Grève générale à El Faouar et marche pour le droit au développement
http://www.jawharafm.net/fr/article/kebili-greve-generale-a-el-faouar-et-marche-pour-le-droit-au-developpement/90/52119
La délégation d’El Faouar (gouvernorat de Kébili) est entrée, lundi, dans une grève générale. Les locaux commerciaux et les institutions publiques ont été fermés à l’exception des établissements d’enseignement et de santé ainsi que des boulangeries, a indiqué le membre de la coordination du sit-in d’El Faouar, Zaid Ben Maâtoug. Une marche pacifique a démarré, devant le siège de la délégation, et parcouru les principales artères de la ville. Les participants ont scandé des slogans appelant au droit au développement et à l’emploi, ainsi qu’au renforcement du programme de responsabilité sociétale des compagnies pétrolières, à Kébili. A travers l’intensification de leur mouvement de protestation, les habitants d’El Faouar veulent exprimer leur détermination à défendre le droit au développement et à poursuivre leur sit-in observé depuis plus d’une semaine devant le site pétrolier de la société Perenco (El Faouar-ouest), a-t-il ajouté soulignant l’adhésion des villages avoisinants. Selon la même source, les jeunes de la région se dirigeront vers chott-El Franig (El Faouar-ouest) près des champs pétroliers, notamment, ceux de Winstar et Perenco.
” Un sit-in y sera observé visant à mettre plus de pression sur ces entreprises et à soutenir les manifestants à Tataouine “, a ajouté Maâtoug.
22 mai 16h25
Tunisie : Les sit-inneurs ferment les vannes de Winstar et de Perenco à Kébili
https://africanmanager.com/16_tunisie-les-sit-inneurs-ferment-les-vannes-de-winstar-et-de-perenco-a-kebili/
Les sit-inneurs d’El-Faouar à Kébili ont fermé les vannes de gaz des deux compagnies Winstar et Perenco dont les employés ont quitté les installations après la fermeture des locaux, rapporte Mosaïque fm.
7. Tataouine : l'affrontement et le drame
20 mai
L’armée tire (en l’air) pour empêcher le blocage d’une station de pompage
http://africanmanager.com/categorie/presse-locale/
Aussitôt dit aussitôt fait. Le chef de l’Etat, Béji Caid Essebsi, avait sifflé la fin des protestations et autres sit-in qui paralysent les sites de production du pays en demandant à l’armée de sévir, s’il le faut. Chose faite ce samedi 20 mai 2017 à Tatouine, rapporte Mosaïque FM. Les militaires ont fait usage de leurs armes, en tirant en l’air, pour tenir en respect les jeunes manifestants. Ces derniers s’étaient mis en tête de bloquer une station de pompage de gaz installée dans le désert. Les manifestants, piqués au vif, se sont repliés pour aller barrer la route faisant la jonction entre la région et Remada… Les protestataires observant depuis plusieurs semaines un sit-in à El-Kamour sont divisés en deux camps:
- une partie a accepté les propositions du gouvernement, faites la semaine dernière,
- une autre campe sur ses positions et reste attachée aux revendications exprimées dès le début du mouvement.
21 mai
Pour empêcher les sit-inneurs d’envahir le site pétrolier, l’armée entre en action. Les soldats tirent des coups de semonce en l’air
http://lapresse.tn/index.php?option=com_nationals&task=article&id=131103
Selon un témoin sur place, des protestataires ont tenté d’envahir le site pétrolier où des négociations, entre quatre sit-inneurs qui exigeaient la fermeture des vannes et des ingénieurs qui attendaient la décision de leur direction centrale, ont tardé. Les unités de l’armée chargées de la protection du site ont tiré des coups de semonce en l’air pour disperser les manifestants. Des renforts militaires ont été dépêchés sur les lieux, alors que des hélicoptères survolaient le site. Une source médicale à l’hôpital régional, à Tataouine, indique, à l’agence TAP, que deux jeunes d’El Kamour ont été admis à l’hôpital. L’un deux ayant fait la grève de la faim souffre d’une hypoglycémie et le second a été légèrement blessé par des fils barbelés en tentant d’investir le site pétrolier.
21 mai, 19:22
Youssef Chahed ordonne la réouverture de la vanne d’El Kamour
http://www.businessnews.com.tn/youssef-chahed-ordonne-la-reouverture-de-la-vanne-del-kamour,520,72408,3
Suite à la fermeture de la vanne de pompage de pétrole d’El Kamour. Youssef Chahed aurait donné des instructions pour que la vanne soit réactivée quels que soient les moyens à mettre en œuvre. Il est à noter que des renforts sécuritaires importants ont été acheminés cet après midi dans la zone d’El Kamour.
21 mai 22:00
Les installations pétrolières d’El Kamour sont entièrement sécurisées, assure le ministère de la Défense
http://africanmanager.com/les-installations-petrolieres-del-kamour-sont-entierement-securisees-assure-le-ministere-de-la-defense/ Actualités
Le ministère de la Défense nationale a prévenu contre les dommages physiques que peuvent subir les sit-inneurs en cas de recours progressif à la force, d’agression de militaires ou d’accès forcé aux installations pétrolières, déjà, sous protection de l’Armée. "Tout contrevenant s’expose à des poursuites judiciaires, conformément aux dispositions de la loi en vigueur", souligne encore le ministère dans le même communiqué.
Par ailleurs, le département de la Défense a affirmé avoir appelé, jeudi, un spécialiste pour réduire, de manière provisoire, la pression dans l’unité de pompage du pétrole en raison de la tension qui régnait dans la région. » Le pompage du pétrole a retrouvé, dimanche, son rythme habituel, assure le ministère.
22 mai
Nuit de tension à Tataouine : Des protestataires manifestent leur soutien aux sit-inneurs d’El Kamour
http://www.businessnews.com.tn/nuit-de-tension-a-tataouine--des-protestataires-manifestent-leur-soutien-aux-sit-inneurs-del-kamour,520,72413,3
Des citoyens de Tataouine ont organisé une manifestation nocturne pour exprimer leur soutien au sit-inneurs. Leur revendication : le retrait des renforts sécuritaires du site d’El Kamour.
22 Mai 2017 09:11
Tataouine: Nouvelle tentative d'accès à la station de pompage
http://www.mosaiquefm.net/fr/actualite-regional-tunisie/143589/tataouine-nouvelle-tentative-d-acces-a-la-station-de-pompage
Les manifestants qui entament un sit-in au désert de Tataouine ont décidé ce lundi 22 mai 2017 d'envahir de nouveau la station de pompage du pétrole gardée par l'armée et les unités sécuritaires. Les unités sécuritaires ont riposté en utilisant le gaz lacrymogène pour leur interdire l'accès à cette station. Cette tentative d'accès a été organisée en parallèle à une grève générale au gouvernorat de Tataouine. La coordination des sit-in d'El Kamour a appelé à cette grève.
22 mai
Tataouine : Un manifestant succombe à ses blessures
Le correspondant de Jawhara FM à Tataouine vient de confirmer le décès d'un manifestant après qu'il ait été percuté, un peu plus tôt dans la journée, par une voiture de police. Blessé, il a été transporté à l'hôpital régional de Tataouine où il a succombé à ses blessures.
http://actu.orange.fr/monde/risque-d-escalade-en-tunisie-apres-la-mort-d-un-manifestant-dans-le-sud-CNT000000Iyjdb.html
Une cinquantaine de personnes ont également été hospitalisées pour asphyxie au gaz lacrymogène ou fractures, lors de heurts entre manifestants et forces de l'ordre à El-Kamour et Tataouine, sa préfecture, a indiqué à l'AFP le ministère de la Santé. http://www.webdo.tn/2017/05/22/tataouine-mort-de-nombreux-blesses-dont-deux-securitaires/
L’hôpital régional de Tataouine, débordé est en train d’accueillir de nombreux autres blessés et se trouve en rupture d’ambulances et de bouteilles d’oxygène.
Selon une journaliste de l'AFP, un flux ininterrompu de véhicules était pendant ce temps enregistré à Bir Lahmer, la localité d'origine du manifestant tué, à 30 km de Tataouine.
"Avec nos âmes, avec notre sang, nous nous sacrifierons pour le martyr", ont scandé les milliers de personnes présentes, dans l'attente des funérailles prévues dans l'après-midi.
Après un mois d'un sit-in pacifique motivé par des revendications sociales, ce jeune manifestant a été tué lundi -"accidentellement" selon les autorités- par un véhicule de la Garde nationale (gendarmerie), à proximité du site pétrolier d'El-Kamour, à deux heures de route de Tataouine.
La tension y était montée durant le week-end, les forces de l'ordre faisant ensuite usage lundi de gaz lacrymogène pour empêcher des protestataires d'entrer dans le complexe, une première depuis que le président Béji Caïd Essebsi a solennellement demandé le 10 mai aux militaires de protéger les sites de production du pays.
- "Incitation" -
Selon un correspondant de l'AFP, aucun nouvel incident n'a été observé mardi matin à El-Kamour, où certains manifestants continuent de réclamer une meilleure répartition des richesses et des recrutements prioritaires dans les sociétés pétrolières malgré des annonces gouvernementales.Un calme précaire prévalait aussi à Tataouine, où des heurts violents avaient également éclaté la veille.
Ces violences ont fait des dizaines de blessés, dont une vingtaine de membres des forces de l'ordre, et des bâtiments publics ont été incendiés.
Dans un pays secoué par de fréquents troubles sociaux depuis la chute de la dictature en janvier 2011, il s'agit des événements les plus sérieux depuis début 2016.
A l'époque, l'unique pays rescapé du Printemps arabe avait connu la plus importante contestation sociale depuis la révolution après la mort d'un jeune lors d'une manifestation pour l'emploi à Kasserine, une autre région défavorisée.
"Il y a de l'incitation sur les réseaux sociaux (...), des appels à la désobéissance civile (...) et même au coup d'Etat dernièrement", a déploré lundi soir le porte-parole de la Garde nationale, Khalifa Chibani, sur la radio Mosaïque FM.
Le ministre de l'emploi Imed Hammami, chargé des négociations sur le dossier El-Kamour/Tataouine, avait auparavant accusé -sans les nommer- "des candidats à la présidence et des partis en faillite" d'être derrière ces évènements.
Selon Mosaïque FM, des heurts nocturnes ont eu lieu à Kébili, à plus de 200 km au nord-ouest de Tataouine. Une grève générale a été décrétée mardi dans la ville voisine de Douz. Et, en matinée, une centaine de personnes se sont rassemblées à Gafsa (centre), reprenant le slogan de Tataouine "on ne lâche rien", d'après un correspondant de l'AFP.
- Essebsi "responsable" -
"La période par laquelle passe la Tunisie est délicate", a commenté Mohamed Ennaceur, le président du Parlement, où une session plénière a été consacrée à la situation.Le gouvernement doit s'attaquer aux problèmes "qui font ressentir aux Tunisiens que rien n'a changé depuis le 14 janvier 2011. Sinon le pire est à craindre", a plaidé le quotidien La Presse.
A Tunis, où des manifestations ont eu lieu lundi, certains slogans de la révolution ont ressurgi, dans un contexte où le pouvoir est déjà vivement décrié pour un projet de loi d'amnistie -sous conditions- des faits de corruption.
"Le chef de l'Etat est responsable de ce décès, de ce qui s'est passé à Tataouine et se passera dans d'autres régions, surtout après son discours" sur le recours à l'armée, a réagi la Coordination nationale des mouvements sociaux.
Le porte-parole du gouvernement Iyed Dahmani a lui rappelé sur Shems FM que la Tunisie était "aujourd'hui un régime démocratique": "Dans toutes les démocraties, il n'y a pas d'autre solution que d'appliquer la loi et de dialoguer avec les manifestants", a-t-il dit.