La reconnaissance par la France de l’assassinat de l’avocat
et dirigeant nationaliste Ali Boumendjel, par l’armée française
en Algérie, a été saluée par Alger, ce jeudi 4 mars.
Le président Emmanuel Macron a reconnu mardi, «au nom de la France», que l’avocat et dirigeant nationaliste Ali Boumendjel avait été «torturé et assassiné» par l’armée française pendant la Bataille d’Alger en 1957.
« L’Algérie a enregistré avec satisfaction l’annonce du président français Emmanuel Macron de sa décision d’honorer le combattant et martyr Ali Boumendjel », a indiqué la télévision publique à l’ouverture de son journal de la mi-journée.
Une volonté « d’intensifier le dialogue »
Cette initiative «s’inscrit dans le cadre des bonnes intentions et de la volonté sincère d’intensifier le dialogue entre la France et l’Algérie concernant l’époque coloniale», a commenté la chaîne A3.
« À travers une telle initiative, il est possible pour l’Algérie et la France d’aller de l’avant dans la construction de relations stables et sereines, une réconciliation véritable et une coopération multiforme», a-t-elle conclu.
Un assassinat maquillé à l’époque en suicide
L’aveu de l’assassinat d’Ali Boumendjel, maquillé à l’époque en suicide, fait partie des gestes d’apaisement recommandés par l’historien Benjamin Stora dans son rapport sur la colonisation et la guerre d’Algérie, afin de résoudre les tensions autour de la mémoire de ce conflit.
Alors que le 60e anniversaire de la fin de la guerre et de l’indépendance de l’Algérie sera célébré en 2022, la «réconciliation des mémoires» est un dossier prioritaire entre Alger et Paris.
Engagés à travailler ensemble sur cette question mémorielle
Emmanuel Macron et son homologue Abdelmadjid Tebboune se sont engagés à travailler ensemble sur cette question mémorielle.
Des « actes symboliques » tardifs et insuffisants
Dès 2018, Emmanuel Macron avait franchi un pas historique dans le travail de mémoire sur la guerre d’Algérie en demandant pardon à la veuve de Maurice Audin, militant communiste mort sous la torture.
Toutefois, pour beaucoup d’Algériens -- des historiens notamment --, les «actes symboliques» du président Macron sont tardifs et insuffisants.
La France doit reconnaître « les crimes contre l’humanité »
«La France doit reconnaître qu’elle a commis en Algérie des crimes contre l’humanité, d’innombrables crimes à l’encontre des Algériens», a déclaré mercredi 3 mars Mustapha Bouchachi, avocat et militant des droits humains.
Outre le contentieux des archives coloniales, les autorités algériennes veulent aussi remettre sur la table le dossier des «disparus» pendant la guerre d’indépendance (1954-1962), plus de 2 200 personnes selon Alger, et celui des essais nucléaires français dans le Sahara algérien qui «ont fait et continuent à faire des victimes».