Texte de l’exposition Infinités Plurielles de Marie-Hèlène Le NY accompagnant son portrait
« J’ai appelé valence différentielle des sexes un type de rapport universel qui fait que le rapport sexué est toujours orienté dans un système de valeur qui met les valeurs positives du côté du masculin et les valeurs négatives du côté du féminin. Ce terme de chimie m’a paru assez bien approprié à ce que je voulais dire, par cet équilibre particulier entre valeur et balance. Il apparaît que ce rapport sexué est vraisemblablement à la base d’une organisation mentale qui nous permet de penser, et qui nous oblige à passer par des catégories dualistes, qui organisent l’univers d’une façon aussi bien concrète qu’abstraite. Ce sont des catégories très simples : le chaud et le froid, le sec et l’humide, le sain et le malsain… et des catégories plus philosophiques comme le un et le multiple, le simple et le complexe, la transcendance et l’immanence. Toutes les sociétés utilisent un langage binaire comportant une appréciation de la place qui est dévolue à chaque sexe.
Nos sociétés ne seraient pas ce qu’elles sont s’il n’y avait pas au départ la domination du masculin sur le féminin. C’est la domination princeps, celle qui a donné le modèle de tous les autres types de domination : maître/esclave, colonisateur/colonisé, patron/ouvrier, bien portant/handicapé. Tous les rapports de domination utilisent le même cortège de mesures empêchant le dominé d’être considéré comme une personne à part entière. C’est l’impossibilité d’accéder à l’éducation parce que l’éducation ouvre l’esprit critique et rend libre – raison pour laquelle les filles en sont davantage privées, et aussi l’impossibilité d’accéder à des fonctions de pouvoir ou de responsabilité. Le tout est noyé dans un langage de mépris qui va de l’un à l’autre sexe, le langage de la subordination. On parle de stéréotypes et de préjugés, ces idées toutes faites assoient l’ensemble du système, elles sont le fondement même et la manière dont s’exprime le langage de la domination. »
50-50 magazine avait interviewé Françoise Hériter lors du colloque organisé, en mars 2016, par le réseau féministe Rupture, dédié à la création d’un Tribunal Pénal International (TPI) en République Démocratique du Congo (RDC)