Le nombre de décrocheurs a « considérablement diminué », s’est félicitée ce lundi la ministre de l’Education.
La ministre de l'Education voit le verre à moitié plein. Najat Vallaud-Belkacem s'est réjouie, ce lundi, d'avoir fait baisser le nombre de décrocheurs à 98.000 par an, contre 140.000 en 2012. « Le taux de 18-24 ans sortants précoces (du système scolaire) a considérablement diminué, a-t-elle déclaré. La France s'était fixé l'objectif de passer sous les 9,5 % en 2020. Nous l'avons atteint et dépassé depuis l'an dernier, avec 9,3 %. »
Pour la ministre, la France fait mieux que l'Allemagne et le Royaume-Uni, et s'approche des résultats de la Finlande, « une référence en la matière ».
Pour expliquer ce résultat, Najat Vallaud-Belkacem a insisté sur le droit au retour en formation, « essentiel » car il signifie que « toute sortie de l'école n'est pas définitive ». Un autre dispositif contribue aux résultats : depuis septembre, les candidats qui ont échoué au baccalauréat, au BTS ou au CAP, peuvent redoubler une fois dans leur établissement d'origine et conserver leurs acquis.
La ministre a aussi mis en avant les structures de retour à l'école telles que les micro-lycées, passés de 12 à 42 depuis 2012. Ainsi que les bourses de 1.000 euros attribuées, depuis septembre, aux jeunes qui reviennent en formation. « Les premiers résultats sont là », a martelé Najat Vallaud-Belkacem.
Mais ils sont critiqués. D'abord parce que François Hollande avait promis de diviser le nombre de décrocheurs par deux durant son quinquennat. « La dynamique vertueuse » conduira à passer « sous la barre des 80.000 décrocheurs par an à la rentrée 2017 », réplique Najat Vallaud-Belkacem.
D'autres contestent les statistiques avancées par le ministère. Le chiffre de 140.000 décrocheurs par an date de 2010 et se fonde sur l'enquête emploi de l'Insee, comme celui de 2014 (110.000) et celui de 2015 (107.000). En revanche, le chiffre de 98.000 repose sur un indicateur du ministère de l'Education. Par ailleurs, pour définir les « décrocheurs », l'ex-ministre de l'Education Vincent Peillon parlait, en 2012, des « élèves de 16 à 25 ans qui quittent le système de formation initiale sans avoir obtenu de diplôme professionnel ni le baccalauréat ». Najat Vallaud-Belkacem retient « le taux de 18-24 ans sortants précoces ».
Lien entre l'école et les entreprises
Pour continuer d'enrayer la spirale du décrochage, la ministre mise sur les pratiques pédagogiques, la formation des enseignants et les alliances éducatives. « Le lien entre l'école et les entreprises n'a cessé de s'approfondir », a insisté Najat Vallaud-Belkacem en signant une convention avec l'association « C'Possible ». Son président François Vachey se fixe comme objectif d'avoir 100.000 tuteurs - « d'ici 4 à 5 ans » - pour « redonner confiance » à des jeunes de 15 ans identifiés comme décrocheurs potentiels. Les entreprises leur proposeront par exemple un stage de 15 jours, en lien avec un référent du lycée, un tuteur en entreprise et la famille.
Les élèves concernés resteront sous statut scolaire et pourront, selon la ministre, « retrouver le goût du travail et de l'effort avant de revenir en scolarité ». « Nous avons besoin des entreprises pour ouvrir la porte, accueillir les jeunes, le parcours scolaire n'est pas un corridor sans passerelles mais un parcours où on vous rattrape », a-t-elle ajouté. Le déploiement se fera d'abord en Île-de-France et en Pays de la Loire. Une soixantaine d'entreprises s'y sont engagées, parmi lesquelles Areva, Auchan, Carrefour, PSA, BNP Paribas, Sanofi ou Zara.
« La cause des décrocheurs doit être nationale, confie le président du conseil d'administration d'Areva, Philippe Varin, qui parle d'un stock d'un million de décrocheurs. Pour l'ex-numéro deux de Thales, François Gayet, « comprendre ce qu'est une entreprise peut changer le rapport à l'école pour certains élèves ». Chez Carrefour, où l'on travaille déjà avec des lycées en éducation prioritaire, le tutorat scolaire envisagé est accueilli comme « une évidence » pour « penser les parcours des élèves autrement ».
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