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8 décembre 2014 1 08 /12 /décembre /2014 17:17
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Moncef Marzouki est un danger pour la Tunisie et pour l’islam politique 07/12/2014 16:01 Par Abou Yaâreb Marzouki*,

Moncef Marzouki est un danger pour la Tunisie et pour l’islam politique. La phrase n’est pas celle d’un dirigeant de la gauche ou d’un journaliste d’un média de la honte. Ni d’un membre de Nidaa. Elle est celle de l'éminent philosophe Abou Yaâreb Marzouki, ancien député d’Ennahdha et intellectuel islamiste notoire. Dans une longue lettre publiée, vendredi 5 décembre sur son blog, M. El Marzouki adresse un véritable signal d’alarme à une partie des dirigeants du parti islamiste Ennahdha pour ne pas soutenir Moncef Marzouki au deuxième tour de la présidentielle. Pour lui, Marzouki ne va pas réussir et s'il réussit, il sera encore plus "tartour" que maintenant et ne pourra protéger personne. Business News a traduit pour vous quelques intéressants extraits. Plusieurs, parmi les simples d’esprit, exagèrent en pensant avoir réussi à séduire les bases d’Ennahdha en titillant leur égo révolutionnaire. Ils pensent les avoir libérés des directives de leurs dirigeants rétrogrades et intéressés par des acquis immédiats. Ils omettent qu’il ne s’agit pas d’intérêts immédiats, mais de dangers réels et urgents à éviter. Ce que j’ai écrit, sans que je ne sois dirigeant ou membre d’Ennahdha n’a d’autre motivation que cette connaissance de la personnalité de l’aventurier et de la situation locale, régionale et internationale ennemie de la participation des islamistes au pouvoir. De là, il est impératif de faire attention et d’attendre l’éclaircie en Libye et en Egypte parce que le plus important est de demeurer et de choisir le bon timing et le bon endroit pour engager les batailles révolutionnaires avec sagesse, une vision et une ruse qui ne peuvent exister chez les adolescents et les dirigeants bouillants et impulsifs. Ce qui explique la réaction des bases islamiques n’est pas l’utopie des révolutionnaires qui ont soi-disant pu séparer les dirigeants des bases, mais plutôt deux raisons principales qu’il faut comprendre. La première est qu’il y a un traumatisme de la base par rapport à ses relations avec la base du RCD et tout ce qu’elle a subi, par le passé sous l’ancien régime. De là, dire que l’ancien régime va revenir leur fait peur. Une peur tout à fait compréhensible. La seconde raison est que la direction d’Ennahdha est divisée et qu’il y a une absence totale d’un dirigeant capable réellement d’être le capitaine. Cela est dû aux nombreux défis du parti, à son historique compliqué et à l’absence de renouvellement des générations d’une manière nette. Ceci a résulté deux défauts que le parti n’a pas pu résoudre immédiatement. Le premier défaut est la mauvaise compréhension du mot démocratie à l’intérieur du parti. On en est au point que le dirigeant a perdu toute liberté d’initiative instantanée, ce qui leur fait perdre l’occasion de prendre des décisions importantes conformes à la situation. En vérité, ceci n’est pas une démocratie, mais un camouflage idiot d’une maladie atteignant les dirigeants qui ont perdu le sens de l’unité et de la coordination. Revenir à chaque fois au Majlis Choura, cela veut dire qu’on fuit la responsabilité ou bien qu’on retire la responsabilité au responsable pour chaque détail. (…) Il faut donner au responsable des objectifs et demander des comptes au congrès suivant, et non à chaque seconde, avec un contrôle annuel intermédiaire. Il faut donner au responsable de larges périodes pour exercer sa responsabilité, car la multiplication des capitaines fait couler le navire. Le deuxième défaut est corrélé au premier et il est responsable de tous les malheurs antérieurs d’Ennahdha. Et il peut la condamner à la disparition à l’avenir à cause de la situation locale, régionale et internationale qui va vers une guerre contre l’islam politique. Sachant qu’Ennahdha est l’unique parti qui est encore lié à la révolution et on ne s’intéresse pas encore à lui pour l’éliminer, peut-être parce que la Tunisie est loin d’Israël ou parce que ses adversaires ne sont pas encore passés à l’application des directives d’Israël. On pourrait arriver à cette heure pour en finir définitivement avec l’islam politique si les dirigeants ne prennent pas conscience du défi et du pari. Il y a un conflit de forces, de générations et de dirigeants ayant des intérêts distincts. Les différents dirigeants qui se combattent ne maitrisent pas l’analyse géostratégique et l’étude scientifique de ces dangers qui nous guettent. Ils privilégient leurs intérêts propres aux intérêts de la Tunisie, d’Ennahdha et de l’islam politique qui est le seul capable d’unir l’intérêt de la « umma » (nation) et du pays. Comment expliquer ce comportement ? Le moteur principal de ceux qui appellent à s’allier à Moncef Marzouki, en supposant qu’ils basent leur stratégie sur une action et non sur une réaction, pourrait amener à deux situations dont chacune est une aventure qui pourrait assassiner Ennahdha. La première situation est qu’Ennahdha ne voudrait pas écouter le bon sens et prendre en considération l’élément géostratégique. Ceci pousserait la gauche à rester seul avec Nidaa. La gauche qui est la seule à vouloir, pour des raisons idéologiques, achever l’islam politique. S’allier avec Marzouki pousserait la gauche à pénétrer Nidaa et à affaiblir les destouriens et les RCDistes. De là, la gauche atteindra les réseaux du RCD, l’appareil de l’Etat et toute la société civile, les médias et ceux qui ont de l’influence. Ennahdha aura ainsi donné de la force à son véritable adversaire parce qu’il s’est trompé dans l’identification de la véritable source du danger. L’hégémonie sera celle de la gauche et non du RCD. Les RCDistes savent maintenant que leur combat avec les islamistes est politique et non idéologique. Ils ne veulent pas en finir avec eux. Les RCDistes savent qu’un combat avec les islamistes n’est pas dans leur intérêt, ni sur le court terme et encore moins sur le long terme. La deuxième situation est que ces dirigeants n’ignorent pas que Moncef Marzouki ne réussira pas. Et que s’il réussit, il ne pourra protéger personne, y compris lui-même. Il sera plus « tartour » que maintenant. Ils pensent qu’une alliance avec Marzouki est un positionnement pour les prochaines élections et ils pensent que ces élections auront plus tôt que prévu en raison de l’âge de Caïd Essebsi. Or ce raisonnement est une preuve du manque d’expérience et de précipitation dans le jugement. Celui qui raisonne ainsi est comme celui qui vend la peau de l’ours avant de l’avoir achevé. Si la gauche reste seule avec Nidaa, cela signifie qu’elle aura sous la main l’appareil du RCD et son réseau et que Caïd Essebsi lui sera redevable de rester au pouvoir le temps que lui permettra son âge et sa santé. Cette gauche, avec ses deux tendances, celle qui est à Nidaa et celle qui est autour de Nidaa, a besoin d’une année seulement au pouvoir, avec Caïd Essebsi à la façade, pour mener Ennahdha à sa disparition. Elle ne lui laissera aucune chance d’atteindre les élections, encore moins à une victoire. La majorité des dirigeants d’Ennahdha seront jugés pour le moindre prétexte. Ceci au cas où le parti n’est pas dissout et si l’on n’a pas changé la constitution et remplacé le parlement, comme cela s’est vu en Egypte. Tout ce que j’ai écrit jusque-là pour m’opposer à soutenir Moncef Marzouki est motivé par deux raisons. Parce qu’il faut ouvrir les yeux des jeunes au danger de cette aventure sur la Tunisie, sur la révolution et sur l’islam politique. Marzouki et ceux qui le soutiennent, parmi les aveugles et ceux qui n’ont pas la ruse, sont un danger pour la Tunisie et les islamistes. Mon premier objectif est d’encourager les islamistes et les révolutionnaires que le travail en connaissance de cause est meilleur que l’aventure. Il faut les encourager à la neutralité. Et cette neutralité est suffisante pour éloigner Moncef Marzouki et ses aventures et permettre à ceux qui ont été choisis par le peuple à prendre la responsabilité totale. Il ne faut pas exposer cette démocratie naissante et fragile à des dangers que même les démocraties solides et anciennes ne peuvent pas supporter, à savoir la cohabitation de deux pouvoirs opposés ou la cohabitation d’un pouvoir exécutif et d’un pouvoir législatif de deux partis ayant des programmes opposés. Mon deuxième objectif est d’avoir une neutralité positive. Il ne faut rien demander pour Ennahdha, mais pour la Tunisie. Il faut éviter à ce qu’il y ait dans le gouvernement toute voix qui cherche à diviser le peuple tunisien ou à exclure ou à imposer son désir et son programme de modernisme et de là, le retour à l’ancien régime et la guerre contre l’identité du peuple. Une participation pour la forme au gouvernement de la part d’Ennahdha lui fera assumer des erreurs dont il ne sera pas responsable. Par contre, si Ennahdha n’est pas au pouvoir, cela lui donnera l’occasion d’avoir une opposition positive et de participer à réaliser quelques objectifs de la révolution. En cas de victoire, le parti aurait participé à cela et en cas d’échec, on ne lui imputera aucune responsabilité puisqu’il aurait averti à l’avance de l’échec et qu’il ne peut pas être solidaire de cet échec. C’est là mon avis, et depuis le début, Moncef Marzouki n’a pas la qualité pour devenir président ni concrètement, ni pour le principe. Il suffit juste de voir comment il a conduit les élections avec sa clique : raviver toutes les susceptibilités qui vont nous renvoyer à l’avant-indépendance.

Abou Yaâreb Marzouki*

* C'est un ancien membre de l'ANC et ancien Ministre auprès du Président du Gouvernement provisoire de la troïka, Hamadi JEBALI (Ancien secrétaire Général d'Ennahdha). il adémissionné en 2012 des ses deux mandats

*Traduction de Raouf Ben Hédi pour Business News, avec l'aimable autorisation de l'auteur

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